Une création sur le thème du DESIR - aboutissement d'une résidence de deux ans avec une cinquantaine de jeunes et une trentaine d'interprètes professionnels.

• « Pris dans les flots » - Jardin
Pour orgue, grand chœur, soprano, alto, baryton, guitare et sons enregistrés
• « Entre deux eaux » - Hall d’accueil
Pour piano et piano, percussions et objets sonores
• « Troubles » - Amphithéâtre
Pour deux saz, quatre flûtes et récitante
• « Idéal idéaux » - Auditorium
Pour deux violons, piano en double, deux pianos et guitare électrique
• « Ourlet rêvé » - Salle panoramique
Pour guitare, violoncelle, percussions et traitements numériques
• « Intimes élans » - Sous-sol (salle 1)
Pour harpe, harpe troubadour et viole de gambe
• « En secret » - Sous-sol (salle 2)
Pour soprano, ténor, baryton, second trio vocal et kora en double
• « Dans son sillage » - Bibliothèque
Pour basse profonde, basson et sons enregistrés


La recherche d’une traduction
Notre puissance de désir s’exprime de mille façons différentes, elle nous fait traverser des états multiples et nous la croisons, en secret ou en fureur, dans nos rêves, nos censures, nos excitations, nos engagements, nos abandons, nos passions... Quelle est donc cette fournaise qui agite notre vie qui s’écoule ? Son intensité, ses complexités, ses tensions, ses plaisirs, ses pulsions, ses espoirs, ses vanités, ses échecs, ses courses folles et sans fin, ses réussites, ses utopies, ses potentiels révolutionnaires… sont ici entremêlés, dans les croisement des partitions. Nous sommes en projection, tendus vers. Nous nous débattons entre l’évidence et le mystère.

Une œuvre musicale sur le désir est une expérience : c’est pour l’auditeur « chercher en soi une suite à ce qui arrive », et surtout « chercher ce qui se dit du désir à chaque instant musical »

Le désir se voit ou ne se voit pas, l’objet du désir n’a pas d’importance, nous écoutons son mouvement, son élan, son état. Ainsi ce qui est invisible, partiel, disjoint… tente de se rejoindre : il y a des liens d’un bout à l’autre : des débuts subis et des abandons possibles, des énigmes temporelles, ou spatiales, des attentes et des sursauts, des tensions et des petites instabilités, des cadres vides et des trop pleins.

On présente le désir souvent comme une promesse de jouissance, mais il est d’abord le désir de lui-même, il est déjà l’expression d’un déplacement, d’un effet/effort de vie, la promesse d’un combat émancipateur. Le désir est un cycle du vivant.

Le langage musical, artistique, vient ici comme traducteur de moteur existentiel, il rencontre des énergies insouciantes, véhicule des pulsions non explicitées, témoigne de vécus sensibles, assez irrationnels, souvent abstraits ou intériorisés ou inexprimables...

Il convoque une idée du possible, et donc une idée de soi, une idée de mouvement pour échapper au fini du présent, conditionné par la condition. La condition d’être soi, c’est être habité de l’idée qu’on peut agir sur sa condition (ou qu’on croit l’avoir choisie ou qu’on l’aime, quoi qu’elle soit) ! Pour cela, il faut un rêve, une idée, un sens, une échappée à l’immobilité, c’est à dire un désir de désir. Le désir est en soi le moteur de soi : le projet des variations des conditions de soi !


Une thématique : le désir !
Le compositeur rencontre des adolescents en 2014 qui sont dans une forme de capitulation sociale, comme exilés dans leur vie, entièrement imprégnés des médias fatalistes, anxiogènes et dépolitisés, démunis devant ce qu’on leur dit être leur avenir : ils n’entendent parler que d’insécurité, de guerre de religions, de guerre de genre, de chômage, de grave inquiétude environnementale, de guerres commerciales… Ces jeunes-là, convaincus de leur impuissance, n’accèdent plus au désir, se censurent et se replient, pensent devoir se soumettre à une « réalité » qu’ils n’imaginent pas pouvoir changer.

Il décide de se pencher sur cette question du désir, qui a été si différemment vécue, d’une génération à une autre. Il s’intéresse au moteur de son activation : car le véritable objet du désir, c’est le désir lui-même : « on désire désirer » !

Commence une expérimentation sur l’engagement, conscient et inconscient, sur l’expression et la relation, sur l’émancipation et l’identification, sur les résistances et la répétition. On y rencontre le geste, l’impossibilité, le choix, l’attente, l’impulsion, le manque, l’enfermement, le corps, l’abandon, l’intime, le secret... Le désir est avant tout le révélateur d’un fondamental « désir d’être ».

Nicolas Frize conçoit un dispositif durant près de deux ans sur le territoire de la Seine-Saint-Denis, qui a consisté à proposer à des jeunes de collèges, de lycées et de conservatoires de participer à une création artistique en coopération étroite avec des musiciens professionnels de leur choix, autour de la thématique du « désir » et de créer une œuvre musicale finale qui sera donnée deux ans plus tard. Il s’agit d’un projet d’écriture artistique partagée avançant au fur et à mesure des séances de travail, tenant compte des évolutions et des recherches entre ces jeunes, les musiciens et le compositeur. Partant d’abord de la personnalité et de la subjectivité de chacun des participants, le dispositif s’est attaché à construire des liens forts entre interprètes professionnels et non musiciens, entre jeunes et adultes, entre différentes villes et quartiers, et enfin entre différents acteurs ressources du territoire (habitants, établissements scolaires, conservatoires, institut de recherche, associations locales…).


La dessinatrice Pascale Evrard a réalisé tout le long de la résidence une importante production de dessins au trait ou à l’aquarelle. Ils ont été présentés dans les divers espaces de la MSH traversés par les concerts, aux côtés des traductions graphiques de Nicolas Frize, de la recherche en pictogrammes de Léa Valentin et des réalisations des élèves en option arts plastiques des lycées Henri-Wallon d’Aubervilliers et Jacques-Amyot de Melun.


Interprètes professionnels
Anne-Marie Jacquin, Soprano, Alice Gregorio, Mezzo soprano, Amaya Dominguez, Alto, Laurent David, Ténor, Thomas Roullon, Laurent Bourdeaux, Baryton, Jean-Christophe Brizard, Basse profonde, Sophie Deshayes, Flûte, Antoine Berquet, Basson, Avec Paul Goussot, Orgue, Pierre-Jean Gaucher, Guitare, Christelle Séry, Guitare électrique, Christophe Saunière, Harpe, Huseyin Ucürum, Saz, Baben Sissoko, Kora, Céline Roulleau, Piano, Yi-Ping Yang, Percussions, Ariane Granjon, Violon, Pauline Buet, Violoncelle, Claire Gratton, Viole de Gambe, Nicolas Fehrenbach, chef de chœur et Direction d’un mouvement.

Interprètes non professionnels
Sept élèves de collège, cinquante élèves de Lycée, six élèves de conservatoire et quatre vingt choristes du territoire.


Partenaires
La Maison des Sciences de l’Homme Paris-Nord, l’EHESP, le campus Condorcet, les universités Paris 8 et Paris 13, le conservatoire de Saint-Denis, le conservatoire à Rayonnement Régional d’Aubervilliers – La Courneuve, le collège Jean-Lurçat de Saint-Denis, le lycée Henri-Wallon d’Aubervilliers, le lycée Jacques-Amyot de Melun, le lycée Jacques-Feyder d’Épinay-sur-Seine, les Archives Nationales de Paris, et la ville d’Aubervilliers.

Œuvre soutenue financièrement par Direction régionale des affaires culturelles d’Île-de-France - Ministère de la Culture et de la Communication, la Région Île-de-France, le Département de la Seine-Saint-Denis, la ville de Saint-Denis et la SPEDIDAM. Cette création est un dispositif inclus comme projet de recherche dans le Labex Arts H2H (Paris 8 / Paris 13) et dans la programmation du contrat de ville 2018.

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