LE STUDIO DU TEMPS (à paraitre)

2024-09-20

Nicolas Frize
LE STUDIO DU TEMPS
Maison centrale de Saint-Maur 1991-2024
Ruptures, travail, créations: desserrer l’étau
Postface d’Étienne Balibar

Au tout début des années 1990, le compositeur Nicolas Frize entreprend de construire une structure inédite de création musicale, de formation et de travail au sein de la Maison centrale
de Saint-Maur. Plus de 30 ans après, le Studio du temps poursuit ses activités. Nicolas Frize retrace ici les étapes de cette expérience à la fois singulière et exemplaire, toujours en butte à une idéologie carcérale dont il s’emploie inlassablement à desserrer l’étau.

Le Studio du temps pourrait être une concession parmi d’autres de la Maison centrale de Saint-Maur, près de Châteauroux, où sont incarcérés des détenus condamnés à de peines longues. L’activité d’une concession consiste généralement à faire travailler des détenus à l’intérieur des murs de la prison en dérogation au droit du travail : le contrat de travail commun ne s’y applique pas, tant il doit rester évident pour tous que le seul lien de subordination susceptible d’être toléré dans ce contexte est celui qui lie le détenu à l’administration pénitentiaire.

L’une des particularités du Studio du temps, dans une optique militante inscrite notamment dans la suite des travaux du Groupe d'information sur les prisons (GIP) créé au début des années 1970 par Jean-Marie Domenach, Michel Foucault et Pierre Vidal-Naquet, a été de proposer un contrat de travail aux détenus volontaires pour participer aux activités du Studio.

Ces dernières s’inscrivent dans un triptyque « Formation – Travail – Création » proposé aux détenus :

  - Ils reçoivent une formation professionnalisante, préfigurant la possibilité de donner un « sens » à leur peine dans la perspective de leur liberté retrouvée ;
  - Ils deviennent les opérateurs d’une activité professionnelle de numérisation des archives publiques (INA, Archives nationales, etc.), cette dernière permettant de financer l’ensemble du dispositif ;
  - Ils participent à la création de pièces musicales au sein même de la Centrale et s’y produisent périodiquement, en lien avec des musiciens professionnels.

Au fil des années, le Studio du temps a ainsi su maintenir une activité pérenne et singulière dont les enjeux ne se limitent pas à la condition carcérale, mais bien à la fois au travail y compris hors des murs de la prison (réification, rapports de domination) et au rôle de l’art et de la culture dans la société.

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